Vendanges chez Marie-Thérèse Chappaz - Vigneronne en Valais
C'est lors d'un passage dans le Valais, que je me suis arrêté chez Marie-Therese Chappaz pour tourner quelques images d'une suite de La Clef des Terroirs.
Mais qui est Marie-Therese Chappaz?
Cette vigneronne valaisanne a repris le domaine de son grand-oncle en 1988. Elle avait précédemment travaillé au pôle technique viticole de Changins. Mais l’envie de faire son propre vin était plus forte et c’est ainsi qu’elle s’est installée sur un peu plus d’un hectare de vigne. Puis le domaine s'est agrandit au fil des ans et il représente aujourd'hui un peu plus de 11 hectares sur les coteaux escarpés du Valais.
À l'époque toutes les vinifications se faisaient à la maison située au lieu dit de la Liaudisaz au-dessus de Fully mais les conditions n’étaient pas idéales. Après avoir étudié la possibilité de creuser une grande cave juste à côté de la maison, Marie-Thérèse a finalement décidé de s'installer dans un hangar de la vallée, car le coût de construction d'une nouvelle cave était beaucoup trop élevé. C'est aujourd'hui dans ce hangar aménagé que tous les vins sont vinifiés.
Lors de ses débuts, Marie-Thérèse travaillait en lutte intégrée sans véritables convictions. Elle avait toujours une boule au ventre au moment de mettre des produits chimiques dans ses vignes. Un jour, elle fut invitée par Michel Chapoutier dans la vallée du Rhône pour échanger sur différentes techniques, après de longues explications sur la vigne, le vin, la bio et la biodynamie, l'homme l'a convaincu! C'était comme une révélation, Marie-Thérèse n'avait jamais imaginé pouvoir travailler sans produits chimiques et tout à coup elle s'était rendu compte qu'elle n'était pas sur le bon chemin... C'est ainsi qu'en rentrant à Fully, elle a démarré tranquillement a travailler un hectare, puis deux hectares avec cette méthode. Elle fit un grand pas en 1997, date à laquelle elle décida de convertir l'intégralité du Domaine en agriculture biodynamique.
Lors de mon passage fin Octobre 2014, Marie-Thérèse avec son équipe d’employés et de stagiaires finissaient les vendanges. En cave tout était à l’agitation avec de nombreuses cuves de rouge en macération et quelques cuves de blanc en fin de fermentation. Que ce soit la syrah, le cornalin, l’humagne rouge, le cabernet franc, le pinot noir, la petite arvine, la roussane, tout paraissait extraordinaire... Même si comme dans de nombreux vignobles la mouche Suzuki avait fait pas mal de ravages, le gros travail de tri qui avait été fait à la vigne était exemplaire et le profil des moûts témoignait d’une grande précision dans le travail de l’année.
Après de nombreux tours de vigne pour déterminer la date optimale de vendanges de chacune des parcelles restantes, Marie-Thérèse jouait la funambule sur le fil du rasoir entre maturités optimales et se faire manger une partie des raisins par les abeilles, la mouche Suzuki ou les oiseaux (certaines vignes sont équipées de filet contre les oiseaux et d'autres sont même équipées de filet assez fin pour protéger des abeilles). C’est vrai qu’à cette époque de l’année, alors que la majorité des raisins sont déjà vendangés, des hordes d’étourneaux peuvent faire un ravage en quelques minutes.
C’est ainsi que nous sommes allés vendanger les grains par grains, ces vendanges tardives très particulières demandent une grande précaution dans le tri, il ne faut récolter que les grains atteints de pourriture grise. Un travail minutieux qui n’avance pas bien vite, mais qui donne de grands résultats. C’est d’ailleurs l’une des spécialités de Marie-Thérèse, bien attendre le parfait degré d’évolution, passer d’un grain sain à un grain qui devient de plus en plus botrytisé sans pour autant tourner au vinaigre...
Puis une partie des vins ont été transféré dans sa cave d’élevage, son équipe au travail, Marie-Thérèse supervisant l’ensemble du mieux qu’elle le peut, tiraillé par la fatigue de ces vendanges 2014 extrêmement prenante...
Tout ça pour finir dès qu’elle a un peu de temps au bureau, au milieu d’une montagne de document, afin de faire les salaires des vendangeurs... Elle en oublie même d’enlever son bonnet tellement elle doit penser à tout en même temps!
Marlaguette, la chienne adorée de Marie-Thérèse qui s'est vu attachée un moment à force de s'échapper!
Mots-clés: bio, biodynamie, vin, valais, suisse, marie-therese chappaz, photo