Petite histoire de notre Club Alpin
Cet article est tiré du Journal des Dahus numéro 2 - 2013. Ce journal annuel du Club Alpin Français La Roche-Bonneville présente les activités du club.
Le journal est téléchargeable en PDF ici...
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Au dix-neuvième siècle les Britanniques qui venaient ascensionner dans les Alpes étaient membres de l’Alpine club. Ils y trouvaient tout ce dont ils avaient besoin pour organiser leur voyage : adresses, descriptions des sites, conseils pour le choix du matériel, etc.
Les alpinistes français (mais aussi Italiens, Suisses, etc.) ont également vu la nécessité de se regrouper. Quelques passionnés se sont réunis à Aix les Bains en 1870 et ont jeté les bases d’une société similaire. Interrompu par la guerre contre la Prusse, ce projet est repris en 1872, et aboutit à la création du club alpin Français le 2 avril 1874. Un président est nommé : Henri de Billy. Sa présidence durera 2 jours : il meurt dans un accident de chemin de fer le 4 avril. Le 6 avril, Ernest Cézanne, ingénieur, alpiniste de renom et député des Hautes Alpes est porté à la présidence. Il décède 2 ans plus tard. Le troisième président Adolphe Joanne démissionnera pour raison de santé au bout de 3 ans, et mourra peu après. Xavier Blanc, également alpiniste et député des Hautes Alpes sera le 4ème président.
Les statuts prévoient qu’il y a un seul club, avec des sections dans tous les départements, y compris les colonies. La devise « Pour la patrie par la montagne » correspond à la mentalité de l’époque : la France sort d’une cruelle défaite, il faut préparer la revanche, et comment y parvenir sinon en formant des jeunes, leur donnant le goût de l’effort le désir de réussite. Quatre objectifs sont définis : 1° les ascensions, quelles qu’elles soient : les collines du Berry ou des Corbières ont autant d’importance que les plus prestigieux sommets alpins. 2° amener les jeunes à la découverte de la montagne, 3° la science : géologie, hydrologie, flore, faune. Les ascensionnistes sont invités à prélever des échantillons de roches et des plantes pour analyse. 4° la culture : l’architecture, la littérature ne sont pas oubliées et nombreux sont les membres du Caf qui traduisent leurs émotions sur la toile.
Le nombre d’adhérents croît rapidement : de 833 en avril 1875, il passe à 1733 un an plus tard. Dans le même temps le nombre de sections est passé de 8 à 20.
Ernest Cézanne écrit lors de la création des premières sections : «N’imitez pas les statuts sévères de l’Alpine Club anglais… Ouvrez la porte toute grande : militaires et savants, jeunes et vieux, même les femmes*, tous ceux qui aiment la France et la montagne… et sans couleur politique ».
En réalité le club restera réservé à une élite pendant plus de soixante ans. Seuls les rentiers, membres des professions libérales et autres couches supérieures de la société ont accès aux loisirs ; la cotisation, 10 francs-or, est dissuasive aux revenus modestes, et l’obligation d’avoir 2 parrains garants de l’esprit montagnard du candidat, maintiendra le recrutement dans un cercle restreint. Pour les ouvriers et travailleurs de toutes branches d’activité les horaires de travail sont de 60, voire 72 heures par semaine, les congés payés n’existent pas. La révolution, c’est 1936 : les congés payés permettent enfin à la majorité des Français d’avoir accès aux loisirs, ouvrant l’accès à la montagne, comme à la mer et aux voyages.
Gabriel Motte
* Pour l’époque, c’était d’avant-garde.
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